MICRO-BIO :
Enquêtes et expérimentations langagières,
matière du réel philo-philtré et divinations poétiques,
fermentation.
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CHRONO-BIO ( .. avec la voix de julien Lepers)
Top.
Je ne suis ni jockey, ni serveuse, ni vendeuse.
Je nais en 1978, avec un peu de retard à la frontière bretonne.
Vers 2 ans, je tente de photographier mentalement le vide-ordures vert pomme de la cuisine.
Jusqu'à 6 ans, je prends l'école maternelle très au sérieux et me professionnalise dans la peinture. Je fais « mon coming out » du noir grâce à la maîtresse, Mme Le Coz qui me dit :
« le noir fait chanter les couleurs ». Je suis fasciné par « Téléchat » de Topor.
Mon CP est un échec, mais je fais la découverte cruciale du livre « Loup y-es-tu » de M.Anno.
L'enquête commence. Chevauchant les années sur mon poney fantôme, je noie mon impatience à atteindre l'âge adulte dans l'absorption de poésies désuètes, peintures de Dilasser, nouvelles de Maupassant. Je patouille l'aquarelle et ramasse le crottin. Déçue par la réalité, je décide que le cinéma est la réalité.
A 19 ans, je remporte enfin le bac grâce à trois dessins sur le sommeil et un petit rôle dans une pièce de théatre.
L'autorité parentale préfère pour moi, une école de design graphique aux Beaux-Arts. S'en suivent trois années d'exercices pratiques. En ces temps de dépucelage, je découvre le mouvement Cobra, Alechinsky, l'ordinateur, le polaroïd, la musique sauvage, Joel-Peter Witkin,
« Les chevaux de feu » de S.Paradjanov et le cinéma des gens morts.
A 22 ans, j'obtiens mon diplôme à LISAA et part retrouver mes couleurs dans les Côtes du Nord. L'enquête patine.
A 24 ans, j 'abandonne un bidon de goudron aux Beaux-Arts de Rennes pour dessiner quotidiennement à mon domicile.
A 25 ans, je réalise la tendance maladive de ma marotte : s'inventer une vie différente par semaine. Je fais ma première expo dans un bistrot. Je vends mon père et pas mal de dessins.
Je veux recommencer tout de suite.
A 26 ans, je découvre le pouvoir hypnotique de la basse et troque mon confort pour un sac à dos et des carnets. Je m'acoquine avec l'association « Les Potagers Natures » , l'expression libre et polymorphe, les collectifs, la bibliothèque de Bordeaux.
Je fabrique une dizaine d'expos, quelques éditions et des affiches. Je décide de tout faire à la main et fréquente pas mal les photocopieuses ainsi que l'atelier de sérigraphie des « Editions du Parasite».
A 30 ans, je reprends l'enquête, explore de nouvelles contrées sur mon poney en vrai et note tout ça dans mes carnets.
A 33 ans, j'atterris à Brest et pose mes bagages. J'intègre un groupe de rock : Avenir. J'écris et dessine des affiches de concerts. Je prends mon temps.
A 39 ans, je décide d'arrêter d'être la dernière à quitter les noubas, pour écrire, se souvenir et redessiner.
A 40 ans, Je rencontre à nouveau l'amour, arrête les boulots alimentaires et reprends la création à gogo...
Je suis, je suis...
Anne Garel.
